28/06/2025

Voyage au cœur de l’oreille interne : comprendre son rôle dans notre équilibre

L’oreille interne, un chef d’orchestre discret mais essentiel

Blottie profondément dans l’os temporal, l’oreille interne demeure un organe du quotidien auquel on ne pense guère... jusqu’à ce qu’elle fasse parler d’elle. Pourtant, elle joue un rôle central, non seulement dans la capacité à entendre, mais aussi, et peut-être surtout, dans la gestion de l’équilibre. Ce double rôle fait de l’oreille interne une pièce maîtresse de notre vie sensorielle et motrice.

Combien de personnes savent que le moindre vertige, certaines difficultés à marcher ou de simples troubles de l’audition peuvent provenir de cette toute petite cavité osseuse ? Mieux comprendre son fonctionnement, c’est apprendre à la protéger et à déceler les signaux qu’elle envoie en cas de problème.

Structure de l’oreille interne : une architecture fascinante

L’oreille interne, aussi appelée labyrinthique, est formée de deux parties principales : la cochlée et le vestibule. Chacune a une mission spécifique. Le schéma suivant résume ses deux grandes parties :

  • La cochlée : organe clé de l’audition, enroulée comme un escargot ;
  • Le vestibule : responsable de l’équilibre, constitué de plusieurs structures, dont les canaux semi-circulaires, l’utricule et le saccule.

À l’intérieur, un liquide (endolymphe et périlymphe) circule et active différents capteurs sensoriels lors de nos mouvements ou sous l'effet des sons, provoquant la libération de signaux électriques transmis au cerveau.

La cochlée et l’audition en quelques mots

La cochlée est tapissée de cellules sensibles au son, les cellules ciliées, qui convertissent les vibrations acoustiques en signaux nerveux. C’est la partie la plus connue de l’oreille interne, régulièrement citée en cas de surdité ou de dommages auditifs, par exemple liés à l’exposition au bruit ou au vieillissement (presbyacousie).

Le vestibule et l’équilibre : la clé de la stabilité

Le système vestibulaire est moins connu, mais il est capital pour maintenir la posture, coordonner les mouvements des yeux et la tête, et permettre de se repérer dans l’espace. Il comprend :

  • Trois canaux semi-circulaires, disposés selon les trois plans de l’espace, sensibles aux rotations de la tête ;
  • L’utricule et le saccule, qui détectent les accélérations linéaires – par exemple, le mouvement de l’ascenseur ou le saut vertical.

Comment l’oreille interne nous permet-elle de rester debout ?

Le maintien de l’équilibre n’est pas une prouesse anodine. Il résulte d’une collaboration entre l’oreille interne, la vision et la proprioception (sensibilité des muscles et des articulations). Parmi eux, le système vestibulaire de l’oreille interne occupe une place centrale.

Un capteur de mouvements étonnant

  • Lorsque la tête tourne, le liquide (endolymphe) contenu dans les canaux semi-circulaires se déplace, stimulant de minuscules cils (cellules ciliées vestibulaires).
  • Cette stimulation génère un signal qui informe instantanément le cerveau de la position et du mouvement de la tête.
  • Les signaux provenant du vestibule sont intégrés, comparés avec ceux des yeux et des pieds pour ajuster notre posture en permanence.

Ce système finement réglé permet de marcher droit, de tourner la tête sans perdre ses repères, et d’éviter la chute lors d’un mouvement brusque. Même dans l’obscurité ou en fermant les yeux, le vestibule nous indique si nous penchons, tournons ou accélérons.

Les chiffres à retenir :

  • Environ 35% des personnes de plus de 65 ans sont concernées par des troubles de l’équilibre avec un risque accru de chute (source : Inserm, campagne 2020 sur le vieillissement).
  • Le système vestibulaire traite plusieurs centaines de signaux par seconde pour permettre des ajustements instantanés.
  • Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 30% des accidents domestiques chez les plus de 65 ans sont liés à des troubles vestibulaires (source OMS 2022).

Ce qui se passe lorsque le système vestibulaire est perturbé

Un dysfonctionnement de l’oreille interne peut se traduire de diverses façons, avec un impact direct sur l’équilibre et la qualité de vie.

Les symptômes les plus fréquents

  • Vertiges rotatoires (sensation de tourner sur soi-même) ;
  • Instabilité à la marche et hésitation dans les déplacements rapides ;
  • Nausées, parfois vomissements associés aux mouvements ;
  • Voir “danser” les objets (oscilloscopie) lors de certains changements de position ;
  • Acouphènes ou perte auditive associés à certains troubles de l’oreille interne.

Ces signes doivent alerter, notamment s’ils surviennent brutalement ou s’aggravent dans certaines positions. Les pathologies de l’oreille interne sont variées et chaque cas nécessite une analyse spécifique.

Quelques pathologies connues affectant le vestibule

  • Maladie de Ménière : elle touche la régulation de l’endolymphe dans l’oreille interne, engendrant vertiges, perte auditive flutuante et acouphènes, souvent par crises.
  • Névrite vestibulaire : inflammation du nerf vestibulaire, avec vertiges intenses mais sans troubles auditifs.
  • Vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB) : cristaux (otolithes) déplacés dans les canaux semi-circulaires, causeront de violents vertiges à certains mouvements.
  • Labyrinthite : infection de l’oreille interne, combinant troubles auditifs et d’équilibre.

Un chiffre frappant : le VPPB représente 20% des causes de vertiges chez l’adulte (source : Société Française de Médecine d’Urgence).

Comment diagnostiquer un dysfonctionnement vestibulaire ?

Le diagnostic précis des troubles de l’oreille interne repose sur des examens spécifiques, souvent réalisés par un ORL (oto-rhino-laryngologiste).

  • L’épreuve des mouvements oculaires (nystagmus) : permet de voir si les yeux bougent de façon anormale lors de la stimulation vestibulaire.
  • L’épreuve calorique : introduction d’eau tiède ou froide dans l’oreille pour évaluer la réponse des canaux semi-circulaires.
  • Videonystagmographie : caméra ou capteurs analysant finement les mouvements oculaires suite à différentes stimulations.
  • Tests posturologiques : évaluation de la capacité à tenir l’équilibre selon différentes positions.
  • L’audiométrie : utile pour repérer si un trouble auditif s’associe au trouble vestibulaire.

Dans certains cas, imagerie par IRM ou scanner peut venir compléter le bilan, notamment en cas de suspicion de lésion centrale ou tumorale.

Préserver l’oreille interne : quelques conseils pour limiter les risques

  • Protéger son audition : le bruit excessif peut, à long terme, toucher la cochlée et fragiliser l’oreille interne dans son ensemble.
  • Éviter les chocs cranio-faciaux : les traumatismes peuvent endommager les structures vestibulaires.
  • Limiter la consommation de substances toxiques : certains médicaments (aminosides, certains diurétiques) ont une ototoxicité et peuvent détériorer l’oreille interne.
  • Pratiquer une activité physique adaptée : maintien de la force musculaire et de la proprioception, essentielle pour compléter la fonction vestibulaire.
  • Consulter en cas de vertiges répétés : un diagnostic précoce augmente l’efficacité de la prise en charge et limite le risque de chutes graves.

D’un point de vue scientifique, de nombreux travaux tentent aujourd’hui de mieux comprendre le vieillissement vestibulaire afin d’améliorer la prévention et la rééducation, notamment chez les plus de 60 ans (source : Le Quotidien du Médecin, avril 2023).

Mieux connaître son oreille interne pour agir précocement

La compréhension du rôle de l’oreille interne – aussi bien pour l’audition que pour l’équilibre – a progressé au fil des décennies, ouvrant la voie à des traitements toujours plus ciblés. Gravity, vertiges ou chutes ne sont pas des fatalités du grand âge ou du “coup de fatigue” : prendre soin de son oreille interne, c’est amorcer une démarche active vers une meilleure qualité de vie, quel que soit l’âge.

  • Envisager un contrôle régulier de l’audition à partir de 55 ans, notamment en cas de troubles de l’équilibre.
  • Ne pas hésiter à consulter en cas de vertiges nouveaux ou répétés – une rééducation vestibulaire personnalisée est possible.
  • Échanger avec son médecin ou son audioprothésiste sur les facteurs de risque, et se faire accompagner si besoin dans le cadre d’un parcours de soins coordonné.

L’oreille interne nous rend chaque jour des services inestimables, souvent dans l’ombre. Mieux la connaître, c’est déjà la mettre en condition de nous protéger… et de rester debout, tout simplement.

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