04/11/2025

Identifier la perte auditive : Comment reconnaître les signes chez l’adulte ?

Pourquoi la perte auditive chez l’adulte reste-t-elle souvent invisible ?

La perte auditive touche des millions d'adultes en France. Pourtant, elle demeure un sujet discret, voire tabou. Selon l’enquête Baromètre santé 2021 de Santé Publique France, environ 16% des adultes rapportent des difficultés d’audition, mais moins de la moitié l’admettent spontanément lors des consultations médicales (Santé Publique France).

Plusieurs facteurs expliquent cette sous-déclaration :

  • La progression lente et insidieuse de la perte auditive.
  • L’idée reçue que « mal entendre » fait naturellement partie du vieillissement.
  • La peur de la stigmatisation ou du handicap.
  • Le manque de sensibilisation, y compris parmi l’entourage familial.

En réalité, repérer les premiers signes permet d’éviter de nombreuses complications : isolement social, dépression, perte d’autonomie… et facilite une prise en charge adaptée.

Les symptômes classiques, mais parfois négligés

Voici les principaux signes qui doivent alerter, même s’ils semblent anodins au premier abord. Ils se manifestent aussi bien dans la vie sociale, professionnelle que familiale.

  • Répétition des questions ou des phrases entendues : Demander souvent à son interlocuteur de répéter (« Pardon ? Vous pouvez répéter ? ») est l'un des premiers signes signalés par l'entourage.
  • Augmentation progressive du volume sonore : Monter le son de la télévision, de la radio ou du téléphone plus fort que les autres.
  • Difficulté à suivre les conversations dans le bruit : Dans les environnements animés (restaurants, réunions de famille, transports), la compréhension devient laborieuse, notamment quand plusieurs personnes parlent en même temps.
  • Confusion entre certains mots ou sons : Certains phonèmes, comme les « f » et « s », deviennent difficiles à distinguer, conduisant à des malentendus.
  • Tendance à éviter certaines situations sociales : L’inconfort auditif incite à se retirer ou à refuser des invitations, par peur de ne pas comprendre ou de paraître « à côté ».
  • Plaintes de fatigue ou de maux de tête en fin de journée : Les efforts fournis pour « compenser » la perte d’informations fatiguent le cerveau et génèrent du stress.

Selon une étude menée par la JNA (Journée Nationale de l’Audition) en 2023, 7 adultes sur 10 déclarent être gênés par le bruit lors de discussions de groupe, mais seuls 4 sur 10 associent réellement cette gêne à un problème d’audition.

Symptômes plus subtils : ce que l’on oublie de signaler

Certains signaux, plus discrets, sont fréquemment négligés :

  • Zonage lors d’une discussion : Un adulte peut « décrocher », donner l’impression de ne pas suivre, alors qu’il n’a simplement pas compris une partie de la phrase.
  • Frustration croissante ou irritabilité : Une gêne auditive non reconnue engendre de l’inconfort et de l’inquiétude, parfois traduits par de l’agacement.
  • Évitement du téléphone : La communication téléphonique, sans support visuel, peut devenir particulièrement difficile.
  • Acouphènes associés : Dans près d’un cas sur deux, la perte auditive s’accompagne de bourdonnements ou de sifflements d’oreilles (Société Française d’ORL).

Il arrive aussi que le changement ne soit constaté que par l’entourage : famille, collègues… Il n’est pas rare que ce soit une remarque extérieure qui déclenche la prise de conscience.

La perte auditive : chiffres clés chez l’adulte en France

  • Un adulte sur trois après 60 ans présente une perte auditive selon les critères de l’OMS.
  • Environ 6 millions de Français vivent avec une déficience auditive (source : INSEE, 2022).
  • Plus de 50% des adultes concernés attendent plus de 7 ans avant de consulter (JNA).
  • Le risque de déclin cognitif est majoré de 24% chez les personnes présentant une perte auditive non appareillée (source : Lancet, 2020).

Les chiffres montrent que ce trouble, loin d’être rare, reste largement sous-évalué par les personnes concernées. Ce constat est particulièrement marqué en Seine-Saint-Denis, département jeune mais où la précarité, le bruit urbain et l’accès inégal aux soins accentuent l’impact des troubles auditifs.

Les conséquences invisibles d’une perte auditive non traitée

Ignorer une perte auditive aggrave la situation. Non diagnostiquée, elle entraîne bien plus qu’une gêne de l’écoute.

  • Retrait social et isolement : Selon la Fondation pour l’Audition, le taux d’isolement social grimpe de plus de 30% chez les adultes avec une surdité non prise en charge.
  • Déclin cognitif et démence : Plusieurs études (dont le Lancet, 2020) ont identifié la perte auditive comme un des principaux facteurs de risque évitables de pathologie neurodégénérative.
  • Difficultés au travail : Les personnes malentendantes sont 1,7 fois plus susceptibles d’être au chômage (source : DARES 2021).
  • Fatigue chronique, irritabilité, voire dépression.

Face à ces enjeux, repérer tôt les signes permet un accompagnement adapté (appareillage, rééducation, environnement sonore optimisé) et une qualité de vie préservée.

Comment distinguer la perte auditive liée à l’âge d’autres causes ?

La surdité dite « de perception » (presbyacousie) est la plus commune après 50 ans : elle résulte du vieillissement naturel des cellules de l’oreille interne, générant une baisse progressive, surtout pour les sons aigus.

Cependant, d’autres causes existent et peuvent se manifester de façon aiguë ou subaiguë :

  • Exposition au bruit (travail, loisirs : concerts, casque audio…)
  • Antécédent d’otites à répétition
  • Prise de médicaments ototoxiques (certains antibiotiques, chimiothérapies…)
  • Pathologies générales (diabète, hypertension…)

Le tableau ci-dessous résume les principales différences :

Origine Âge typique Progression Particularités
Presbyacousie 50 ans et + Lentement progressive Atteinte symétrique, sons aigus
Bruit Tout âge Brusque (après exposition) Oreille dominante, acouphènes
Otites/rebon acute Enfant/adulte Variable Souvent unilatérale
Médicaments Tout âge Souvent rapide Souvent associé à vertiges

Repérer les signes précoces : un auto-diagnostic possible ?

Certaines situations de la vie quotidienne peuvent servir de « tests » informels :

  • Éprouver des difficultés lors des dialogues à la télévision (sans support écrit).
  • Ne pas remarquer la sonnerie du téléphone ou de la porte à distance moyenne.
  • Éprouver plus de facilité à comprendre une voix face à face qu’à distance ou dans le dos.

Il existe aujourd’hui des tests auditifs de dépistage accessibles en ligne (test-audition.fr proposé par la JNA, par exemple), mais un test professionnel chez un audioprothésiste ou un ORL reste indispensable pour un bilan exhaustif.

Quels professionnels consulter et quand s’alarmer ?

Un avis médical s’impose :

  • Si une perte d’audition brutale survient d’un seul côté (urgence : risque de surdité définitive).
  • Si vous constatez une évolution sur plusieurs mois ou années, une gêne sociale, l’apparition de sifflements ou d’acouphènes.
  • En cas de troubles de l’équilibre associés.

Le premier interlocuteur reste le médecin traitant, qui oriente vers un ORL. En Seine-Saint-Denis, plusieurs centres auditifs proposent par ailleurs des bilans gratuits sans engagement, ce qui facilite l’accès au dépistage.

Sources et ressources locales pour s’informer

  • Journée Nationale de l’Audition (JNA) : https://www.journee-audition.org/
  • Fondation Pour l’Audition : https://www.fondationpourlaudition.org/
  • Santé Publique France : Baromètre Santé Audition 2021
  • INSEE : "Les déficiences auditives en France", 2022
  • Lancet (2020) : "Dementia prevention, intervention, and care: 2020 report of the Lancet Commission"
  • DARES (2021) : Situation professionnelle des personnes handicapées

Pistes pour anticiper et préserver son audition

Reconnaître les signes de la perte auditive, c’est mieux comprendre son quotidien et celui de ses proches. Échanger sur ses difficultés, se tourner vers un professionnel, oser franchir la porte d’un centre auditif : chaque geste compte pour conserver sa qualité de vie.

L’anticipation (protections, dépistage régulier), la vigilance de l’entourage, et l’accompagnement adapté s’imposent comme les meilleures stratégies pour continuer à bien vivre, bien entendre, et rester actif dans sa communauté.

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