Les clés pour bien vivre la presbyacousie : conseils pratiques, aides et innovations

La presbyacousie désigne la diminution progressive de l’audition liée au vieillissement naturel de l’oreille. Elle touche fréquemment les sons aigus et s’installe généralement à partir de 55-60 ans. Les premières manifestations sont souvent subtiles : difficulté à suivre une conversation dans un environnement bruyant, impression que les autres « murmurent », fatigue auditive ou augmentation du volume de la télévision.

Selon l’enquête Handicap-Santé (DREES, 2020), près d’un tiers des plus de 65 ans se disent gênés pour percevoir les conversations à plusieurs. Moins de la moitié des personnes concernées consultent spontanément un spécialiste, malgré un impact avéré sur la santé globale : isolement, dépression, perte d’autonomie accrue (Inserm, 2018).

Le diagnostic, première étape clé

• Bilan auditif : Il se réalise auprès d’un ORL, complété si besoin par un audioprothésiste. Ce rendez-vous permet de préciser le degré et la nature de la perte, d’éliminer d’autres causes (bouchon de cérumen, otites…). En France, un simple test de repérage peut être réalisé gratuitement dans de nombreuses pharmacies ou par des associations.
• Renouvellement du suivi : Une perte auditive liée à l’âge évolue généralement lentement : un suivi tous les deux ans est recommandé même si l’appareillage n’est pas d’actualité (Haute Autorité de Santé, 2022).

L’appareillage auditif : une avancée technologique majeure

Les appareils auditifs ont connu des évolutions spectaculaires ces dix dernières années :

• Miniaturisation et discrétion accrue : 7 appareils sur 10 sont aujourd’hui des contours d’oreille miniatures, quasiment invisibles de profil (source : Fédération nationale des audioprothésistes).
• Qualité de restitution : nouveaux microphones directionnels, réduction active du bruit, gestion de l’effet Larsen, connectivité Bluetooth...
• Personnalisation avancée : adaptation fine aux besoins (environnement de vie, fragilités, tremblement...)

En 2021, selon l’Assurance Maladie, plus de 550 000 Français de plus de 60 ans ont débuté un appareillage, soit une hausse de +74 % depuis la réforme du “100 % santé” (prise en charge d’une large gamme d’appareils sans reste à charge).

Séances d’accompagnement et adaptation

• Éducation à l’appareillage : Les troubles d’audition ne s’effacent pas dès la pose d’une aide. Des séances de réglage et d’apprentissage s’imposent : il faut 4 à 8 semaines en moyenne pour s’habituer pleinement (source : J.-L. Puel, Inserm).
• Suivi régulier : Nettoyage, contrôles, changement éventuel du réglage, prise en charge des petites pannes… Un audioprothésiste reste un interlocuteur privilégié sur la durée.

La rééducation orthophonique

Un orthophoniste peut proposer des séances spécialisées (rééducation auditive) :

• Stimulation des capacités de compréhension de la parole en milieu bruyant
• Exercices pour améliorer la lecture labiale, très utile en cas de perte importante
• Renforcement de la mémoire auditive et de l’attention

D’après la Fédération nationale des orthophonistes, ces suivis durent entre 6 et 18 séances, selon les besoins.

Acquérir de nouveaux réflexes pour faciliter la communication

• Faire répéter ou reformuler calmement au lieu de s’isoler
• Privilégier les discussions en petit comité et dans des environnements calmes
• Demander à son entourage d’articuler, de parler face à soi, sans crier
• Aménager son domicile (éclairage adapté, suppression des bruits parasites, places préférentielles lors des repas…)
• Utiliser la gestuelle et les mimiques pour renforcer la compréhension

Rompre l’isolement : un enjeu majeur

La perte auditive expose à un risque d’isolement et de repli : selon Santé Publique France, 1 personne sur 5 ayant une perte auditive dit éviter des réunions de famille ou des sorties en groupe. Ce phénomène renforce le risque de dépression (x2 par rapport aux personnes du même âge non atteintes selon l’étude PAQUID, Inserm).

Groupes de parole, réseaux d’entraide et associations

• Réseaux locaux d’entraide : Des associations telles qu'Agir pour l’Audition ou France Presbyacousie proposent des rencontres ou des ateliers dans plusieurs villes, dont en Seine-Saint-Denis, pour s’ouvrir, partager astuces et expériences.
• Formation des aidants : Des sessions spécifiques existent pour mieux aider un proche malentendant sans générer de frustrations réciproques.
• Soutien psychologique : Certains dispositifs en ville (CCAS, centres municipaux de santé) ou dans les hôpitaux peuvent proposer un accompagnement psychologique, précieux lors d’une découverte.

Installer des aides techniques complémentaires au quotidien

• Téléphones amplifiés ou visuels, flash lumineux pour sonnette ou réveil, écouteurs TV spéciaux
• Applications de transcription instantanée de la voix sur smartphone (de plus en plus performantes avec l’IA, sources : CNET, 2023)
• Boucles magnétiques dans les lieux publics (cinémas, mairies, salles de spectacle du 93 – mention “PMR”/malentendants)

• Points d’informations conseils senior : De nombreuses communes (Aulnay-sous-Bois, Bobigny...) proposent des permanences, sur rendez-vous, pour l’orientation et l’aide administrative.
• Centres hospitaliers avec service ORL et audiologie : Montreuil, Bondy et le CHU Avicenne (Bobigny) disposent chacun de services spécialisés ouverts au public sur prescription médicale.
• Réseau d’audioprothésistes et d’orthophonistes : Plus de 60 cabinets recensés dans le département ; certains organisent des journées de dépistage gratuit tout au long de l’année.
• Associations locales : France Acouphènes, Surdi 93, Mutualité Française... proposent un accompagnement et des ateliers sur la sensibilisation à la surdité et à la perte d’audition.

Si la personne concernée joue un rôle central dans l’acceptation et la gestion de la perte auditive, l’entourage peut être un formidable allié :

• Favoriser le dialogue, rassurer et éviter les stigmatisations (« Tu n’écoutes pas » versus « Tu n’entends pas »)
• Participer aux rendez-vous médicaux, pour mieux comprendre le trouble et les réglages techniques
• Connaître les gestes de base (se mettre en face, articuler sans excès…)
• Inciter, sans forcer, à la sollicitation précoce d’un professionnel dès les premiers signes, afin de préserver le capital auditif restant

Les progrès en génétique, thérapies cellulaires et appareils auditifs intelligents laissent entrevoir de nouveaux horizons :

• Vers des implants « invisibles » de plus en plus performants, même pour les surdités mixtes sévères (Rapport Inserm, 2021)
• Détection précoce grâce à l’intelligence artificielle embarquée dans certains appareils connectés (publication Hearing Health Foundation, 2023)
• Recherche active sur la stimulation cérébrale pour restaurer la perception des sons

Ces avancées ne concernent pas encore tous les publics ni tous les stades de la presbyacousie, mais elles nourrissent l’espoir d’une prise en charge toujours plus personnalisée et intégrée au reste du parcours de soin.

• Oser prendre rendez-vous pour un bilan auditif sans attendre, même à titre préventif
• S’informer sur les offres “100 % santé”, y compris en Seine-Saint-Denis, pour accéder à un appareillage sans reste à charge
• Demander conseil à des professionnels locaux : médecins, audioprothésistes, services sociaux
• Repérer les petites aides techniques pouvant faciliter le quotidien
• S’ouvrir au dialogue et à la vie sociale, pour permettre à chacun – malentendant, aidant, proche – de mieux vivre ensemble cette réalité

Les solutions pour mieux vivre avec une perte auditive liée à l’âge reposent aujourd’hui autant sur la technologie que sur l’accompagnement humain, la rééducation et l’information. En restant acteur de sa santé, en s’entourant des bonnes ressources, il est possible de préserver son autonomie, son bien-être et ses liens sociaux, quel que soit l’âge.

Sources : DREES, Assurance Maladie, HAS, Inserm (“Presbyacousie : comprendre, dépister, prendre en charge” 2021), Fédération nationale des audioprothésistes, France Acouphènes.